Visite | Origine Cycles : une success-story au petit goût du Nord
Door Olivier Béart -
D’Origine Cycles, vous connaissez sans doute le configurateur qui permet de se tailler un vélo à son goût, tant pour la couleur que les équipements. Vous connaissez aussi sans doute les machines, qu’on voit de plus en plus sur route et en gravel, mais aussi en VTT. Mais savez-vous où et comment tout cela est fait ? Nous avons pris la direction de Somain, près de Valenciennes dans le Nord de la France, pour vous faire découvrir les coulisses. Et nous en avons aussi profité pour rencontrer Rémi Lefèvre, co-fondateur et gérant de cette entreprise qui n’en finit pas de grandir, pour un entretien sous forme de podcast.
Comme toutes les bonnes aventures entrepreneuriales, l’histoire d’Origine commence dans un garage, avec les trois fondateurs qui voient se concrétiser une idée, un rêve. Aujourd’hui, on est loin de la bricole des débuts, et de 30m2 en 2012, Origine est passé à un centre d’assemblage et de conception de 2000m2… qui est déjà bien trop petit pour répondre à la demande actuelle !
La croissance est exponentielle et elle se voit ! Entre notre première visite il y a un an et aujourd’hui, la marque est passée d’une petite trentaine à plus de 60 employés. Et ce n’est pas fini, ce chiffre évolue chaque jour. Au point que de nouveaux projets sont d’ailleurs en train de se concrétiser pour construire un nouveau bâtiment, toujours près de Valenciennes, mais de 6000m2 cette fois, avec une réserve foncière autour, histoire de pouvoir voir venir.
“Notre plan est d’être à 260 personnes d’ici 2025″, nous explique très calmement et sans fanfaronner Rémi Lefèvre, un des trois fondateurs de la marque. Passionné de cyclisme, il est aussi le gérant au quotidien de l’entreprise, qu’il dirige avec deux personnages dont le nom ne vous dira peut-être rien, mais qui ne sont pas nés de la dernière pluie. Pierre-Henri Morel n’est autre que l’ancien directeur général France de JouéClub, et Yves Amiel est l’ancien PDG de Quantum (marque bien connue des vélos de grande production – sur laquelle l’auteur de ces lignes a d’ailleurs appris à rouler à vélo – et qui produisait aussi les vélos Q-Bikes pour le haut de gamme).
Pour parler de l’histoire de la marque plus en détails, ainsi que de son avenir, nous vous donnons rendez-vous dans l’interview-podcast de Rémi en fin de cet article. Nous allons ici nous concentrer sur la visite des lieux. Et soulignons d’emblée que si nous avons accédé à quelques parties en principe non ouvertes au public, toute personne intéressée est bienvenue dans les locaux d’Origine (sur rendez-vous). Car si le concept de la marque repose en grande partie sur un configurateur en ligne (développé “in house” par Origine) permettant de monter son vélo à la carte et d’en choisir la couleur, il y a également un showroom à Somain, où il est possible de voir et toucher les différents modèles, ainsi que de se faire conseiller dans ses choix.
Avant de descendre dans la partie production, un petit arrêt s’impose dans le bureau R&D, histoire de faire les choses dans l’ordre. Conception, design, prototypage : tout est fait ici et si les cadres sont produits en Asie (chez un seul et même sous-traitant qui est le même depuis le début), il s’agit bien de modèles développés par Origine en France.
Au niveau VTT, le dernier développement en date, c’est le Naja, un full alu ludique et polyvalent en 120mm… qui a très vite été sold out ! Une nouvelle version, compatible avec plusieurs modèles d’amortisseurs (et pas optimisée juste pour un seul comme sur la V1) est en cours de développement pour être moins tributaire des approvisionnements d’un seul fournisseur, ce qui est complexe dans le contexte actuel. A l’heure où vous lirez ces lignes, il aura refait ou il sera sur le point de refaire son apparition au catalogue avec des délais de livraison corrects.
D’autres projets sont évidemment toujours à l’étude, notamment pour renouveler la gamme VTT (hardtail et full de XC) mais aussi du côté de l’électrique. Oups, bon d’accord, il y a des choses qu’on ne peut visiblement pas trop voir ici, on file !
Le passage par le bureau R&D est aussi l’occasion de parler des roues Prymahl, qui ont fait leur apparition au catalogue il y a peu. Développées en interne, dotées de jantes fabriquées chez le même sous-traitant que les cadres et assemblées à Somain, elles permettent d’offrir un produit avec un excellent rapport qualité-prix pour ce poste hyper important sur un vélo. Voici les liens vers notre présentation et l’essai du modèle VTT.
Allez, hop, plongeons maintenant dans la partie production/assemblage !
Par rapport aux quelques photos prises lors de notre première visite il y a un peu moins d’un an (image de gauche), et l’été 2021 (à droite), la différence est flagrante ! Quand on parle d’augmentation du volume d’activité, en voilà une belle illustration. Et encore, Origine cherche toujours à recruter car il y aurait encore du boulot pour plus de personnes !
Le concept d’Origine permettant de choisir sa peinture dans un vaste catalogue de teintes, les cadres arrivent bruts à l’usine. C’est un service encore rare dans l’industrie du cycle, proposé seulement par quelques marques comme Orbea, BH ou Trek, et souvent sur des vélos affichant des tarifs plus élevés.
Ils sont tout d’abord méticuleusement nettoyés, poncés et préparés pour être parfaits avant d’entrer dans la cabine de peinture.
Normalement, on ne peut pas rentrer ici, mais pour une fois, le peintre a fait une exception juste pour quelques minutes, histoire de réaliser quelques images.
Pas le temps de niaiser, il y a énormément de travail ! Actuellement, il n’y a qu’une seule cabine de peinture, et c’est un peu l’embouteillage. L’idée est d’en acquérir rapidement une deuxième sans attendre d’être dans la nouvelle usine.
Le choix de teintes est virtuellement infini, puisque Origine propose un service de peinture “sur échantillon” (contre un petit supplément), mais il y a tout de même une petite vingtaine de teintes “de série” qui constituent la plus grande partie de la demande.
Cela offre déjà de grandes possibilités, puisqu’il est possible de choisi un cadre mono ou bi-colore, ainsi que différentes couleurs pour les logos. A la sortie de la cabine de peinture, chaque cadre est à nouveau inspecté et les éventuels défauts corrigés.
Place ensuite à la pose des stickers, avant un dernier passage en cabine pour le vernissage et un ultime contrôle qualité.
Place ensuite à l’assemblage du puzzle ! Outre la couleur, les équipements sont aussi à choisir à la carte parmi un large éventail de possibilités. Chaque cadre est placé sur un chariot spécialement conçu par et pour Origine et les pièces sont réunies selon les désirs du clients.
Même si ce n’est facile pour personne en cette période, Origine a plutôt bien réussi à tirer son épingle du jeu au niveau du stock de pièces, ce qui lui a permis de continuer à livrer des vélos avec des délais raisonnables, quand d’autres étaient complètement à court. Cela a été une des clés du succès encore plus grand de la marque ces derniers mois, grâce à une certaine flexibilité offerte par le configurateur et à la possibilité de trouver des alternatives avec les clients pour qu’ils puissent recevoir leur vélo sans trop attendre.
L’assemblage est réalisé par une équipe de mécaniciens passionnés, pas tous issus professionnellement du milieu du vélo à la base (il y a pas mal de reconversions), mais tous cyclistes. “Cela nous semble indispensable à ce niveau, car on travaille sur des vélos tout de même assez haut de gamme, qui se destinent à un public connaisseur. Il faut savoir ce qu’on fait, et comprendre l’importance des petits détails d’assemblage ou de réglage pour le passionné qui va utiliser la machine”, nous explique le chef d’atelier.
Dans les coins, on peut d’ailleurs apercevoir pas mal de vélos de membres de l’équipe. Que ce soit à VTT, en gravel ou en route, les sorties afterwork sont nombreuses…
Dernière étape : l’expédition. Si la majorité des clients est encore aujourd’hui en France, le Benelux prend de plus en plus d’importance et l’objectif est de se développer davantage dans le reste de l’Europe à l’avenir.
Pour terminer cette visite en beauté, nous vous proposons de nous asseoir quelques instants avec Rémi Lefèvre pour en apprendre un peu plus sur la marque, son histoire, son avenir et sa vision. Embarquez avec nous pour notre podcast, le Lunch Ride #18 :